La création de personnages constitue l’une des premières étapes de l’écriture d’un roman. Parmi eux, le héros et l’anti-héros façonnent l’essence même de l’histoire. Mais qu’est-ce qui distingue ces deux figures emblématiques ? Le héros, depuis les récits épiques de la mythologie grecque jusqu’aux œuvres contemporaines, incarne la quintessence de la bravoure et de la vertu. À l’opposé, l’anti-héros se dresse comme une contrepartie complexe, défiant les normes établies et suscitant la fascination par ses imperfections. Mais alors, comment construire un héros ou un anti-héros crédible et mémorable ? Librinova vous apporte quelques clés pour y parvenir et créer des protagonistes captivants. Héros et anti-héros, qu’est-ce que c’est ? Le héros : définition Le héros d’un roman ou d’une nouvelle, tout le monde le connaît : c’est celui qui, au cours de l’histoire, se réalise au travers d’une quête ou d’une aventure mémorable. Attention à ne pas le confondre avec le personnage principal, qui est le prisme à travers lequel l’histoire est racontée. La notion de héros tire son origine de la mythologie grecque qui créait des figures légendaires autour des dieux pour les relier aux humains, comme Achille. Le mot « héros » vient du grec hrôs utilisé par le poète Homère pour décrire les hommes hors du commun. Au Moyen-Âge, le héros s’incarne dans le chevalier, loyal, sans peur et sans reproche : le chevalier Bayard ou Lancelot, le roi Arthur, etc. C’est un être qui accomplit des choses remarquables, doté d’un grand courage ou d’une étonnante force de caractère et jouit de qualités morales très élevées. Dans les romans modernes, le héros est moins un « surhomme », mais reste doté de qualités exceptionnelles pour affronter ce qui lui arrive. À lire aussi : Fantastique, fantasy, SF… Les différents genres des littératures de l’imaginaire Qu’est-ce qu’un anti-héros ? L’anti-héros, ce n’est pas l’antagoniste du roman, mais un héros qui détourne l’image traditionnelle du héros. C’est le personnage principal et on s’attache à lui, mais il peut aussi provoquer des sentiments négatifs par son comportement, ses réactions ou tout simplement parce qu’il est juste « normal ». Par exemple, Scarlett O’Hara, dans Autant en emporte le vent, est une anti-héroïne parfaite : c’est le personnage principal, elle est courageuse, forte et volontaire, mais elle a un côté machiavélique, manipulateur et vénal très agaçant (pour ne pas dire plus). Autre exemple, Grenouille dans Le Parfum de Patrick Süskind, qui va commettre des crimes odieux pour assouvir sa passion du parfum. Batman est aussi considéré comme un parfait anti-héros (et pourtant, c’est un super-héros !). Autres exemples d’anti-héros ordinaire, le narrateur d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust ou Meursault dans L’étranger de Camus : un homme ordinaire, avec une vie ordinaire dans un cadre ordinaire. L’anti-héros ordinaire est banal, voire médiocre, vulnérable ou même sans morale. Et pourtant, il reste un héros à part entière, attachant justement parce qu’il a des défauts. On peut citer aussi les personnages de Michel Houellebecq ou encore Jaime Lanister dans Game of Thrones. Attention, pour être réussi, l’anti-héros doit contrebalancer ses défauts par de grandes qualités, sinon le lecteur développera du ressentiment. À lire aussi : Comment créer un personnage de roman passionnant ? L’anti-héros dans un roman L’intérêt de l’anti-héros Dans un roman, utiliser un anti-héros est très intéressant pour plusieurs raisons. Il est plus intéressant à explorer, car c’est un personnage plus complexe. Ses failles le rendent plus imprévisible et donnent du suspens et de la tension à l’histoire. L’anti-héros est souvent très attachant du fait de ses défauts, qui permettent au lecteur de s’y identifier plus facilement. L’anti-héros nous renvoie à notre humanité et notre « normalité », alors que le héros peut facilement nous donner l’impression d’être médiocre. Avec sa part négative, l’anti-héros suscite la fascination. Il nous aide à faire face à notre propre noirceur et nos pensées les plus viles. En cela, il offre une certaine catharsis (au théâtre, c’est la façon de libérer la passion du spectateur face à une pièce dramatique). L’anti-héros apporte une grande humanité au roman, au-delà du personnage parfait à qui l’on attribue une quête extraordinaire. À lire aussi : Qu’est-ce qu’un roman psychologique ? Comment construire un anti-héros réussi ? Réussir son anti-héros n’est pas toujours facile, car il sort des sentiers communément admis pour le héros. Mais c’est un être imparfait et c’est ce qui le rend plus proche de nous. S’il est banal, il doit quand même avoir des qualités et des atouts qui sortent de l’ordinaire. Les difficultés qu’il croise dans le roman peuvent l’aider, justement, à dévoiler la part héroïque qui réside en lui. Il doit évoluer pour se transformer positivement. Si vous choisissez l’anti-héros négatif, l’essentiel est de justifier son comportement. Contrairement à l’antagoniste, l’anti-héros n’est pas fondamentalement mauvais. Ses failles et ses traumatismes permettront au lecteur de s’identifier à lui et d’éprouver de l’empathie. N’hésitez donc pas à montrer ses faiblesses et à le laisser faire les mauvais choix. Réussir un héros de roman aujourd’hui Le héros de roman est surtout utilisé dans les histoires « à quête », en fantasy et dans les romans de chevalerie, mais on le trouve aussi dans les romances. Voici quelques conseils pour construire un héros de roman crédible. Lui octroyer une quête Pour exister en tant que tel, le héros doit avoir une mission à accomplir, comme Frodon dans Le seigneur des anneaux ou Harry Potter. Accepter cette quête, même à contrecœur, et la réussir sont l’objet même de l’histoire. La quête peut être une épopée, mais il peut s’agir aussi d’objectifs plus actuels comme sauver quelqu’un, retrouver un personnage ou gagner son amour. L’accomplissement de la quête a quelque chose de spirituel et occasionne une véritable transformation chez le héros. Le principe de la quête a d’ailleurs donné lieu à la théorisation du « voyage du héros » par Joseph Campbell dans « Le héros aux mille et un visages » en 1949. Cette base classique en narratologie construit le voyage initiatique du héros en douze étapes : le monde ordinaire qui permet de présenter le personnage et son besoin ; l’appel à l’aventure (ou incident déclencheur) ; le refus de l’appel (le héros ne veut pas se lancer dans l’aventure ou hésite) ; la rencontre avec le mentor convainc le héros de se lancer ; le passage du seuil, lorsque le héros quitte le monde ordinaire (il y a souvent un premier ennemi) ; la découverte des alliés et des ennemis ; l’approche de la caverne ou l’élaboration du plan pour se lancer dans la grande confrontation avec l’ennemi ; l’épreuve suprême, où le héros affronte la mort ; la récompense, où le héros s’empare de l’objet de sa quête ; le chemin du retour, qui peut être parsemé d’embûches ; la transformation du héros après son aventure ; le retour dans le monde ordinaire que le héros améliore avec l’objet de sa quête. À lire aussi : Ecrire un livre en s’inspirant du voyage du héros Confronter le héros à des difficultés et des échecs Le héros se révèle dans les difficultés (et c’est aussi vrai pour l’anti-héros). Il faut donc que rien ne soit simple dans l’histoire pour le héros, afin de mettre à l’épreuve ses qualités. Le confronter à des échecs permet aussi de montrer ses failles et le faire hésiter. Même si c’est un héros, Achille a sa faiblesse (son célèbre talon !). Dépasser les archétypes et mettre de la nuance L’archétype du héros, c’est le super-héros, doté de pouvoirs exceptionnels et dont la seule raison d’être est de sauver le monde. Aujourd’hui, les romans dépassent cet archétype pour donner de la complexité au héros. Mettez de la nuance dans ses comportements, ses valeurs, ses qualités et ses défauts. La construction d’un héros ou d’un anti-héros ne se limite pas à l’écriture d’un personnage, mais constitue un véritable art narratif. Au-delà de divertir, ces figures façonnent nos perceptions et questionnent notre propre humanité. Que vous soyez écrivain en herbe ou aguerri, laissez-vous guider par l’expertise offerte par la Masterclass d’écriture proposée par Librinova, un précieux outil pour affiner vos compétences et donner vie à des héros et anti-héros inoubliables ! Pour aller plus loin : Exercer sa plume en participant à un atelier d’écriture Comment réussir un cliffhanger ? Comment créer des personnages mémorables pour gagner un concours d’écriture ?