Comment écrire un roman jeunesse : les conseils de Paul Ivoire

Vous souhaitez écrire un livre pour enfants ou un roman jeunesse ? Contrairement aux idées reçues, cette forme de littérature va de pair avec une certaine rigueur ! Quels sont les principaux conseils à suivre pour écrire un livre pour enfants ? À quoi faut-il faire attention dans un roman jeunesse ? Focus sur les procédés à maitriser pour séduire les plus petits, avec les conseils avisés de Paul Ivoire, auteur emblématique de Librinova, qui a publié de nombreux romans jeunesse chez Anne Carrière et Poulpe Fictions !

En quelques titres:

1. Écrire un roman jeunesse : bien choisir le public auquel on s’adresse
   1. Le vocabulaire
   2. Les thèmes abordés dans la littérature jeunesse
   3. Le style d’écriture
   4. La quantité de texte
2. Livres jeunesse : on s’adresse aux enfants, mais aussi aux parents
3. Les illustrations dans la littérature jeunesse : un incontournable
   1. L’utilité des illustrations
   2. Le choix de l’illustrateur ou de l’illustratrice
4. Lire des livres pour enfants pour s’inspirer

Écrire un roman jeunesse : bien choisir le public auquel on s’adresse

C’est un fait, on ne parle pas de la même manière à un enfant de 3 ans et à un enfant de 9 ans. Cet aspect doit aussi se retranscrire dans l’écriture d’un roman jeunesse. Lorsque l’on imagine son récit, il faut donc veiller à rester en phase avec le lectorat cible.

Le vocabulaire

Il doit être compréhensible pour les tout-petits, même si on peut s’autoriser des mots et des expressions plus complexes pour les enfants plus grands en âge de lire. Néanmoins, si vous lisez des livres pour enfants, vous noterez que le vocabulaire employé est parfois assez soutenu. Les enfants apprécient d’apprendre de nouveaux mots !

Il faut bien entendu éviter tout ce qui appartient au registre de la vulgarité. « Les éditrices et éditeurs sont là pour nous questionner sur l’emploi de certaines tournures de phrase ou de vocabulaire trop compliqué en fonction des âges, précise Paul Ivoire. En général, on les écoute ! Mais il ne faut pas trop simplifier non plus, même pour des petits. »

Les thèmes abordés dans la littérature jeunesse

On a souvent envie de faire voyager les enfants dans un monde imaginaire, mais leur parler de leur quotidien ou de ce qu’ils connaissent est tout aussi intéressant. Par exemple, chez des tout-petits, des thèmes comme le coucher, le sommeil, les émotions, les animaux et l’apprentissage de manière générale sont très appréciés. Chez les plus grands, les aventures et les enquêtes ont la cote. Théoriquement, on peut parler de tout et aborder tous les thèmes, même les plus durs, dans un livre jeunesse, mais avec un ton adapté à leur âge. Il n’existe pas de règles à proprement parler. Paul Ivoire, lui, « privilégie l’imaginaire », mais ses « collègues de plume traitent de tous les sujets de société, notamment pour les ados ».  

Pour trouver les bons sujets, essayez de retrouver l’enfant qui sommeille en vous et de puiser dans ce qui vous faisait rêver et rire auparavant pour trouver l’inspiration. Vous pouvez aussi prendre des notes mentales lorsque vous échangez avec des enfants de votre entourage. Ils aiment souvent parler de leurs passions du moment et cela peut vous donner quelques idées. De son côté, Paul Ivoire compte sur ses enfants, « source d’inspiration quasiment inépuisable, mais les héros animaliers ont toujours du succès. De toute façon, lorsqu’on est passionné par un thème précis (danse, musique, sport, histoire…), on trouve toujours de la matière ! ».

Le style d’écriture

Lorsque l’on écrit pour des grands enfants, on peut se permettre d’utiliser certaines figures de style et de jouer avec les mots car ils sont en mesure de le comprendre. Pour des petits, il est toujours possible de le faire mais de manière beaucoup plus simple et accessible car leur niveau de langage et d’analyse est différent.

Autre point important : la longueur des phrases, que l’on préfèrera courtes si l’on écrit un livre pour enfants en bas âge. Évitez aussi les descriptions à rallonge et les développements trop didactiques. Privilégiez l’humour et l’action pour stimuler l’imagination en écrivant de manière visuelle et expressive.

En termes de structure, elle est « globalement la même dans un roman jeunesse que dans un roman pour adultes, indique Paul Ivoire. On a une introduction, un développement et une fin. En ce qui concerne le genre, le narratif reste majoritaire avec le roman en composante principale, généralement illustré pour les plus jeunes ».

Enfin, on notera que chez les tout-petits, les textes contiennent souvent des répétitions pour aider les enfants à mieux retenir l’histoire. Il y a également souvent des passages qui, lus à haute voix, sonnent comme des chansonnettes.

La quantité de texte

À chaque tranche d’âge sa quantité de texte. Les livres pour les enfants en âge de lire peuvent être plus longs tandis que ceux destinés aux plus jeunes devront avoir une quantité de texte plus modeste. Idéalement, le livre doit pouvoir leur être lu d’une traite (ou en deux courtes sessions).

Paul Ivoire précise : « Les maisons d’éditions ont des critères de longueur bien définis. Il suffit de se caler dans des fourchettes de nombre de mots ou de signes. Pour ma part, j’utilise des cahiers qui me permettent de déterminer facilement la longueur d’un chapitre. Pour les plus petits, en revanche (CP par exemple), le texte est très court et je raisonne plutôt en nombre de scènes à illustrer. »

Livres jeunesse : on s’adresse aux enfants, mais aussi aux parents

Votre livre ne doit pas seulement plaire aux enfants mais aussi aux parents ! Ce sont en effet souvent eux qui vont passer du temps à lire le livre aux enfants en bas âge ou qui vont l’offrir à leurs aînés.

« En salon – et sans doute ailleurs, les parents n’ont pas forcément besoin d’être convaincus, car ils demandent souvent à leurs enfants de choisir ce qui leur plaît, nuance Paul Ivoire. Mais l’inverse est possible : j’ai déjà croisé des parents qui essayaient de convaincre leur fils ou leur fille d’acheter un livre qui ne les attirait pas ! ».

L’opération séduction des parents peut notamment passer par :

• des écrits à plusieurs niveaux de lecture ;
• la qualité des illustrations et de la couverture, car « les jeunes sont toujours attirés par les couvertures et lorsqu’ils ont le livre en main, il est rare que les parents les découragent » ;
• la 4^e de couverture ;
• l’humour.

Les illustrations dans la littérature jeunesse : un incontournable

Si vous avez déjà lu une histoire à un enfant, vous n’êtes pas sans savoir qu’ils sont friands d’images. Cela les aide à mieux comprendre l’histoire, à identifier les personnages mais aussi à s’immerger dans l’univers qui leur est présenté.

L’utilité des illustrations

Dans les livres adressés aux plus jeunes, les images prennent fréquemment une place significative. « Elles permettent des ellipses de texte, l’illustration racontant elle-même des éléments de l’histoire ». Dans les livres destinés au plus grands, l’intégration d’images peut se limiter aux moments clés de l’histoire. Il est aussi courant d’en placer en début de chapitre si l’histoire est subdivisée en plusieurs parties. Dans ce cas, « la présence d’illustrations allège la densité des pages et rend la lecture plus agréable ».

Le choix de l’illustrateur ou de l’illustratrice

Pour la création des dessins, il vous faudra chercher un illustrateur ou une illustratrice dont le style correspond à l’histoire que vous souhaitez raconter. N’hésitez pas à en rencontrer plusieurs et à faire établir des devis avant de faire votre choix. En édition, « l’auteur ou l’autrice choisit rarement l’illustratrice ou l’illustrateur, tempère Paul Ivoire. Ce sont les maisons d’édition qui s’en chargent. Le texte est généralement déjà écrit lorsque ce choix est effectué. La couverture est réalisée en priorité, puis viennent ensuite les dessins intérieurs, en couleur ou en noir et blanc ».

Lire des livres pour enfants pour s’inspirer

Si vous souhaitez écrire des livres pour enfants mais que vous n’êtes pas encore tout à fait à l’aise avec le genre, n’hésitez pas à lire des livres écrits par d’autres auteurs. L’idée n’est pas d’y chercher l’inspiration et de reproduire ce que vous lisez, mais plutôt de mieux cerner certaines spécificités de la littérature jeunesse. Vous pourrez aussi avoir un bel aperçu de tous les sujets qu’il est possible d’aborder.

Écrire pour les enfants est-il plus facile que pour les adultes ? Pour Paul Ivoire, « écrire reste écrire, c’est une question de temps. Mathématiquement, il est plus rapide de rédiger un roman jeunesse qui comporte moins de pages. Pour les adultes, on peut utiliser un vocabulaire plus technique, pour la jeunesse on a besoin d’un esprit plus synthétique, mais l’exercice reste le même. L’idée est de passionner les lectrices et lecteurs, quel que soit leur âge ! ».