Comment traiter les pages jaunies d’un livre ?

Comment traiter les pages jaunies d’un livre ?
23/02/2022
Actualités du livre

Qui n’a pas ressenti l’étrange sensation du temps qui passe en feuilletant un livre oublié depuis des années sur l’étagère d’une bibliothèque ? De quand date ce livre oublié ? 10, 20 ans ou plus ?

Ces pages jaunies qu’on aimerait voir disparaître, comme on aimerait voir disparaître les rides de son visage et la blancheur ou le gris de ses cheveux, font aussi le charme et la magie du livre ancien, ou d’occasion. Il existe néanmoins des moyens de restaurer ces livres, pour retrouver le plaisir de les lire.

    En quelques titres:

  1. Que faire contre les pages jaunies d’un livre ?
    1. Les pages jaunies, résultat d’une réaction physico-chimique
    2. Comment éviter que les pages d’un livre ne deviennent « jaunes » ?
  2. Comment entretenir les livres de sa bibliothèque ?
    1. Comment faire face aux taches, aux rousseurs et aux mauvaises odeurs des pages d’un livre ?
    2. Comment rattraper, ou éviter, la décoloration des couvertures de livres ?
  3. Pourquoi les livres anciens, ou d’occasion, sont-ils toujours attrayants ?
  4. Le vrai sens des pages jaunies d’un livre

Que faire contre les pages jaunies d’un livre ?

Le premier réflexe quand on tient entre ses mains un livre aux pages jaunies est de se demander ce qu’on peut faire pour le ramener à son état d’origine, surtout lorsque des souvenirs et réflexions s’y rattachent.

Les pages jaunies, résultat d’une réaction physico-chimique

Oui, mais voilà, comme pour le vieillissement du corps, on ne peut rien y faire. Les pages jaunies sont tout simplement le résultat d’une dégradation d’un des composants du papier, la lignine, sous l’effet de l’oxygène.

Rappelons que le papier est, pour l’essentiel, fabriqué à partir de fibres cellulosiques contenues dans le bois. Or ces fibres se combinent naturellement à de la lignine, très utile pour protéger les arbres contre l’humidité, mais bien embarrassante, quand on veut en faire du papier. Comme on ne parvient pas à séparer totalement les fibres cellulosiques de la lignine, il en reste, plus ou moins, selon la qualité du papier, dans les pages des livres. Or, cette lignine qui est un composé d’oxygène, d’hydrogène et de carbone s’oxyde lorsqu’elle absorbe un surcroît d’oxygène.

Comment éviter que les pages d’un livre ne deviennent « jaunes » ?

C’est ce phénomène d’oxydation qui « jaunit », avec le temps, les pages d’un livre. Mais, si on ne peut pas le corriger, on peut néanmoins le prévenir.

Pour les spécialistes, la chose est entendue. Selon Susan Richardson : « L’oxygène est l’ennemi. Gardez le livre dans une boîte parfaitement scellée et remplacez l’oxygène par l’azote, de l’argon, ou un autre gaz inerte et les pages de vos livres ne pourront plus jaunir. ». Pour des livres très rares, peut-être. Mais, pour des livres que l’on aime feuilleter, voir alignés sur les étagères de sa bibliothèque ou dont on s’inspire quotidiennement, la solution paraît bien radicale.

Comment entretenir les livres de sa bibliothèque ?

Cela dit, le jaunissement des pages n’est pas ce qui menace le plus un livre. D’autant que, répétons-le, ce jaunissement peut avoir un certain charme et même rendre la lecture plus confortable, en diminuant l’éblouissement des pages trop blanches. Cependant, un livre dont on néglige l’entretien peut être sujet aux taches, aux moisissures, aux mouillures, aux odeurs âcres et à la décoloration.

Comment faire face aux taches, aux rousseurs et aux mauvaises odeurs des pages d’un livre ?

Les taches, rousseurs ou, piqûres, peuvent parsemer désagréablement, les pages d’un livre, principalement, les premières et les dernières.

Rousseurs, foxing et piqûres

Les rousseurs, on parle aussi de foxing, traversent les pages. Elles sont visibles aussi bien recto que verso et sont typiques des livres datant du 18ème et du 19ème siècle. Quand elles n’apparaissent que sur une face, on parle plutôt de piqûres. Elles sont produites par l’oxydation des particules de fer résiduelles, laissées par les maillets utilisés pour fabriquer le papier à base de chiffon. Et, si on les trouve plutôt sur les premières ou les dernières pages, cela résulte, en grande partie, de leur voisinage avec la composition acide du carton de la couverture qui accélère le processus d’oxydation.

Autrement dit, pour les éviter, il suffit de veiller à ce que les livres ne soient pas entreposés, évidemment, dans un endroit humide. Une fois qu’elles sont apparues, c’est trop tard.

Moisissures, mouillures et mauvaises odeurs

Les moisissures, les mouillures et les mauvaises odeurs sont les autres ennemis des livres. Encore aujourd’hui, on ne sait pas trop d’où viennent les moisissures et les taches noires ou violacées qui les accompagnent.

C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule qui recommence. Pour certains spécialistes, les moisissures seraient provoquées par des champignons microscopiques, pour d’autres, c’est le phénomène d’oxydation qui susciterait les moisissures en constituant un aliment pour les champignons. Quant aux mouillures, avec leur auréole bien peu esthétique, elles sont le résultat d’une exposition malheureuse à un dégât des eaux, impossible à réparer.

Reste les mauvaises odeurs qu’on peut atténuer, ou faire disparaître, en vaporisant, sur le livre et ses pages, un désodorisant bien choisi, à base d’huiles essentielles, par exemple ou bien en le mettant quelque temps dans une boîte avec du bicarbonate de soude, ou encore, en l’exposant, avec précaution, au soleil.

Comment rattraper, ou éviter, la décoloration des couvertures de livres ?

La question ne se pose que pour certains livres selon le matériau de la couverture. Il s’agit ici d’empêcher qu’elle ne prenne un aspect insolé, autrement dit, décoloré.

La première chose à faire est de veiller à ce que le lieu d’entreposage soit conforme aux conditions d’une bonne conservation des livres. Si l’humidité est l’ennemi des livres, l’excès de luminosité en est un autre. Une bibliothèque, tournée, plein sud ou placée, dans le coin le plus humide d’un logement, est un véritable « mouroir » pour livres. Cela dit, on peut encore limiter les méfaits de l’excès de luminosité sur les couvertures en cuir des livres en les nourrissant et en les détachant avec des cires spéciales bibliothèques comme la cire 213 de la Bibliothèque nationale de France.

Pourquoi les livres anciens, ou d’occasion, sont-ils toujours attrayants ?

Quand on constate les dégradations que peuvent subir les livres, on peut se dire, qu’après tout, rien ne vaut le neuf, ou mieux encore, les versions numériques du livre. Mais, les choses ne sont pas si simples. D’abord, un livre, ça coûte cher à fabriquer et à distribuer. D’où l’essor de nouvelles modalités de fabrication, de distribution et de reconditionnement. Et puis, si on s’arrête un instant sur ce que représente un livre, le raisonnement strictement économique s’efface devant ce que représente le livre, vecteur d’imaginaire, témoin historique ou objet d’art, qui le rend irremplaçable dans sa forme papier.

Livre ancien ou livre d’occasion, est-ce la même chose ?

C’est la première question à se poser quand on s’interroge sur la valeur d’un livre dont l’édition remonte à plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années, et qu’on est confronté aux nombreux outrages que le temps a pu lui occasionner. Et la réponse est non.

Le marché du livre d’occasion

Un livre d’occasion est un livre de seconde main qui alimente le marché de l’occasion. Celui-ci est en plein essor car pouvoir acheter un livre de qualité, à faible prix, ou à très faible prix, est imparable. Et c’est ce que proposent, par exemple, des plateformes comme Momox ou Recyclivre. D’où l’intérêt pour les possesseurs de livres de bien veiller à les entretenir s’ils veulent pouvoir en récupérer une partie du prix en les remettant en vente.  Après en avoir rompu « l’os et sucer la substantifique moelle », comme y invite Rabelais, dans Gargantua.

Le marché du livre ancien

C’est le domaine des bibliophiles, bibliomanes et autres bibliolâtres. Ces différentes catégories sont les catéchumènes et les grands prêtres de la religion des lettres. Citant Albert Collignon, Albert Cim, qui écrit au début du 20ème siècle, dans le maître ouvrage, intitulé « Le livre », dit : « La religion des Lettres a pour culte la lecture des livres. Ce sont les livres qui nous éclairent et qui nous donnent les meilleurs plaisirs. En nous rendant sages, ils nous rendent heureux ; ils nous moralisent et nous perfectionnent, ils nous consolent des hommes et nous enseignent à les supporter, à les aimer, à ne jamais leur nuire et à leur faire du bien. »

On voit bien là tout ce qui fait la quintessence d’une bibliothèque et la dévotion qu’elle peut inspirer. Dévotion qui ne peut, à un moment ou à un autre, que se traduire par de l’écriture. Car une bonne lecture ne peut se faire qu’un crayon à la main. Surtout quand il s’agit de celle d’une de ces œuvres dites « immortelles ». Reliée et illustrée avec art. Passer de la prise de notes à l’écriture de quelque chose de plus construit n’est plus alors qu’un jeu d’enfant.

Ne reste plus ensuite qu’à faire le nécessaire pour en garder une digne trace et pourquoi pas, en faire profiter quelques autres lecteurs, ses proches, ses enfants et petits-enfants, grâce à une autoédition de qualité.

Le vrai sens des pages jaunies d’un livre

Les pages jaunies d’un livre sont, bien sûr, d’abord l’expression du temps qui passe. À bien des égards, elles sont de même nature que les fameuses madeleines de Marcel Proust, dans A la recherche du temps perdu. Et les pâtissiers modernes se disputent la meilleure recette !

D’un point de vue technique, il est facile de comprendre, d’où viennent les pages jaunies et pourquoi elles sont ce qu’elles sont. Ce qui n’est pas sans importance, car même aujourd’hui, un livre reste un objet rare et précieux qui mérite pour cette raison d’être soigné. Ce soin apporté au livre est comme une prière pour les dévots du livre que sont les bibliophiles et autres bibliomanes ou bibliolâtres. De fait, il est comme une porte ouverte sur une inspiration à venir et la promesse d’une nouvelle œuvre.