La féminisation des noms de métiers n’a de cesse de créer des débats en France. Le féminin du terme « auteur » ou « écrivain » ne fait pas exception. Mais d’où viennent ces termes ? Peuvent-ils se féminiser ? Si oui, quel mot employer pour parler d’une femme qui écrit et publie un ouvrage ? Le point sur cette question épineuse. Quelle est la règle de base à appliquer pour féminiser des noms de métiers ? Avant de se plonger dans l’étymologie des mots « auteur » et « écrivain », il convient de rappeler les règles de base pour féminiser les noms de métiers. Le français étant une langue « capricieuse », la féminisation des noms de métiers comporte son lot de règles mais aussi d’exceptions. On peut toutefois dégager quelques principes. Si le mot se termine par le suffixe -eur et s’il provient d’un verbe, alors il faut changer le suffixe en -euse. Par exemple, le métier de toiletteur devient toiletteuse au féminin, quand un carreleur devient une carreleuse. Si le terme avec un suffixe -teur ne provient pas d’un verbe, alors on remplace ce suffixe par -trice, comme dans le terme « rédacteur – rédactrice » ou « inspecteur – inspectrice ». Pour d’autres métiers dont le nom se termine par une consonne, il suffit en général de placer un -e à la fin du mot pour indiquer la marque du féminin. C’est le cas notamment de « commerçant » et « commerçante », ou « d’avocat » et « avocate ». Attention, il y a évidemment quelques exceptions comme les mots « médecin », « mannequin » ou encore « marin ». Si le mot se termine par -ien, alors il convient de doubler le -n et d’y ajouter un -e, comme dans « chirurgienne ». Si le mot masculin se termine déjà par un -e, alors aucun changement n’est à prévoir, comme architecte, artiste, graphiste ou secrétaire. Les suffixes -er ou -ier deviennent souvent -ère ou -ière au féminin, comme dans le métier d’infirmier et infirmière. Dans certains cas, le -e final masculin se change en -esse au féminin comme dans les termes « maitre » et « maitresse ». Bon à savoir Certains termes utilisés uniquement au masculin, comme les professions de docteur, de professeur ou de proviseur, notamment, ont longtemps nié toute existence de féminin. De plus en plus, un -e muet est placé à la fin de ces termes pour les féminiser. À lire aussi : Les fautes les plus courantes : comment les corriger ? L’écriture est aussi un travail de femme : retour sur les racines des mots Auteure, autrice, écrivaine : les femmes écrivent mais comment les appeler ? Pour trouver des éléments de réponse, il convient de remonter aux origines des mots « auteur » et « écrivain » et à leur usage à travers les siècles. D’où vient le mot « écrivain » ? Le mot écrivain vient du latin populaire scriba qui signifie scribe ou greffier. Au départ, ce terme désignait en premier lieu un copiste mais, au fil des siècles, il se mit à désigner toute personne réalisant des productions littéraires originales et non plus copiées. Si le sens du mot a évolué, il en va de même de sa forme. On remarque d’ailleurs qu’en moyen français (langue parlée en France entre le XIVe et le XVIIe siècle), un équivalent féminin existait : escripvaine ou escrivaine, provenant également du latin scriba. Equivalent qui disparut au cours du XVIIe siècle. D’où vient le mot « auteur » ? Le mot « auteur » vient, lui aussi, du latin auctor, signifiant « celui qui accroît, qui fonde ». Il prend sa forme définitive « auteur », au XVIIIe siècle. Comme pour escripvaine ou escrivaine, une version féminine du mot « auteur » a existé par le passé. En effet, les termes « autrices », « auteresse » et « authoresse » existaient et étaient utilisés jusqu’au XVIIe siècle pour parler de femmes qui écrivaient. Bon à savoir La disparition de ces usages coïncide avec la création de l’Académie française, par le Cardinal de Richelieu. Hasard du calendrier ? Finalement, on utilise quoi ? Après des siècles de silence sur le sujet, l’Académie française a rédigé un rapport sur la féminisation des noms de métiers, et s’est attachée à statuer sur les formes féminines des mots « auteur » et « écrivain », en début d’année 2019. Les auteurs du rapport ont remarqué que les trois formes – « autrice », « auteure » et « écrivaine » – étaient entrées dans l’usage, et étaient donc dès lors considérées comme valides pour parler d’une femme qui écrit. En ce qui concerne la féminisation du mot « auteur », le rapport de l’Académie semble avoir une préférence pour « autrice », en raison de sa formation jugée « plus satisfaisante ». En définitive, l’usage courant de ces trois termes, que ce soit en France ou au Québec, permet de les valider. Bon à savoir Il ne faut toutefois pas employer le terme « écriveuse » pour parler d’une femme qui écrit. En effet, « écriveuse » désigne une femme qui aime écrire. Ce n’est pas tout à fait la même chose. À lire aussi : Quand mettre des majuscules ? L’usage en français Pour aller plus loin : Ponctuation et espaces : les règles typographiques Comment écrire les chiffres : les règles typographiques Écrire un dialogue, une citation : les règles typographiques