Les littératures de l’imaginaire sont en plein essor et ne se cantonnent plus au domaine de la jeunesse. Souvent mal considérées, elles acquièrent leurs lettres de noblesse au même titre que la littérature générale. Le fantastique, la fantasy et la SF constituent les trois principaux sous-genres des littératures de l’imaginaire. Leur point commun : un univers entièrement construit par l’auteur. Mais qu’est-ce qui différencie le fantastique, la fantasy et la SF ? Quelles sont les caractéristiques de chaque genre ? Les caractéristiques du roman fantastique Le roman fantastique se passe dans un univers réaliste, mais fait intervenir des éléments surnaturels, irrationnels ou illogiques. De fait, le lecteur doute et hésite, puisqu’il n’y a pas d’explication rationnelle aux événements. La différence avec la fantasy, c’est qu’ici les personnages comme les lecteurs sont confrontés à quelque chose qu’ils ne comprennent pas et qui n’est pas expliqué. Le fait surnaturel suscite souvent de la terreur, de l’incompréhension ou de la fascination, mais il n’est jamais accepté par les personnages. En fantasy, il existe des faits irrationnels, mais ils font partie du monde et sont donc acceptés comme tels par les héros (et le lecteur). Par exemple, on peut avoir un chat qui parle dans un roman : dans le fantastique, cela va étonner le personnage, car ce n’est pas « normal », alors qu’en fantasy ou en science-fiction, ce sera tout à fait normal. L’un des romans fantastiques les plus connus est Harry Potter de J.K. Rowling : la sorcellerie est ici acceptée par une partie seulement des personnages, au contraire du reste de l’humanité (les Moldus). On peut citer aussi Le Horla de Maupassant ou La Métamorphose de Kafka, mais aussi certains romans de Stephen King ou La Quête d’Ewilan de Pierre Bottero. A lire aussi : 20 romans fantastiques et de fantasy à lire absolument Les caractéristiques du roman fantasy Les premières œuvres de fantasy apparaissent au XIXe siècle, avec notamment Le Magicien d’Oz de Franck L. Baum en 1900 ou Peter Pan de James M. Barrie en 1911. La fantasy prend définitivement son envol avec Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien qui est devenu l’œuvre de référence en la matière. La fantasy puise son inspiration dans les mythes et légendes, notamment le cycle arthurien, mais aussi la mythologie grecque ou romaine et les contes. Dans un monde fantasy, l’irrationnel est la norme, dans un monde alternatif au nôtre ou complètement imaginé. Cet univers a ses propres règles, ses propres lois, voire ses propres mythes, langages et croyances. La fantasy se découpe en de multiples sous-genres, comme l’heroic fantasy, la dark fantasy, la high fantasy… Le point commun est l’acceptation pleine et entière de la magie qui relève de la norme. La frontière entre fantasy et fantastique est, on l’a vu, mince : certains considèrent Harry Potter comme relevant d’un sous-genre de la fantasy, l’urban fantasy, puisque le monde des sorciers relève d’une dimension parallèle avec ses propres règles. Les caractéristiques du roman de science-fiction La science-fiction ou SF est née aussi au XIXe siècle, en réaction au courant littéraire réaliste emmené par Émile Zola qui ne laisse aucune place à l’imagination. Jules Verne et H.G. Wells s’emparent des grandes découvertes scientifiques du moment pour extrapoler des univers à mi-chemin entre réalité et imaginaire. Le terme de science-fiction apparaît seulement en 1851 sous la plume de William Wilson et il n’est utilisé qu’un siècle plus tard en Europe. La SF ou science-fiction se définit comme une littérature qui fait intervenir le scientifiquement possible dans un imaginaire romanesque (définition du Petit Robert). Il y a donc toujours un aspect scientifique, qu’il s’agisse de sciences dures (chimie, biologie, astronomie…), humaines (histoire, psychologie, ethnologie…) ou sociales (sociologie, économie…). L’histoire peut se passer dans le présent, le passé ou le futur, mais le rapport aux sciences est toujours différent de celui de l’époque du récit. Il n’y a jamais de magie ou de mysticisme, même si des croyances peuvent prendre place dans le récit. Parmi les ouvrages les plus connus, citons Fondation d’Isaac Asimov, Dune de Frank Herbert, mais aussi 1984 de Georges Orwell ou Les Fourmis de Bernard Werber. A lire aussi : Les 20 meilleurs romans de science-fiction à lire absolument La frontière entre SF et fantasy peut aussi être assez mince, car on retrouve des thèmes identiques, comme la quête du héros ou l’épopée. L’anticipation et la dystopie ne sont pas des sous-genres de la SF, mais des genres à part entière. En revanche, il y a de nombreux sous-genres en SF : le space opera (Star Wars ou Star Trek), la hard SF (L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clark), le steampunk, le post-apocalyptic (La guerre des Mondes de H.G. Wells)… Les littératures de l’imaginaire sont parfois regroupées sous l’acronyme SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), mais on voit bien que les frontières entre ces différents genres ne sont pas vraiment étanches. Auparavant considérés comme mineurs, ces genres sont aujourd’hui en plein essor, avec environ 1500 à 2000 titres par an (en 2018). Pour aller plus loin : Bien choisir le genre littéraire de son livre Les différents genres littéraires : qui lit quoi ? Portrait de Sylvie Noel ou l’Alpha et l’Omega de l’imaginaire