Le voyage. À ce simple mot nos pupilles se dilatent, nos neurones s’agitent, nos jambes tremblent d’impatience. On se prend à rêver. On veut s’évader. Briser la routine. Eux n’ont pas résisté à l’appel de l’inconnu. Ils sont partis défier la route durant des mois, des années… parfois toute leur vie ! De Katmandou à Vladivostok, des steppes patagoniennes aux étendues glacées du grand Nord, des réserves indiennes aux bidonvilles philippins, leurs carnets de route nous ouvrent les portes d’un nouveau monde. Mais le vrai voyage est aussi intérieur. Leurs chemins sont avant tout une quête d’identité. Un délaissement de soi-même qui incite à se retrouver au contact des autres ou, au contraire, dans la solitude la plus totale. Page après page, on apprend à connaître ces explorateurs au rythme des paysages qui défilent sous leurs yeux. Ce sont des aventuriers de la plume. Des vendeurs de rêves. Des écrivains voyageurs. Tour d’horizon de quelques-uns des plus connus d’entre eux… Bruce Chatwin D’origine anglaise, Bruce Chatwin est considéré comme le chef de fil des écrivains voyageurs. À la suite d’un séjour de six mois dans le sud d’Argentine au début des années 80, il écrit En Patagonie. Ce livre mythique est une balade saisissante dans une contrée désolée, propice aux réflexions sur la vie et aux voyages dans le temps. La bible de beaucoup de voyageurs. « Je n’ai pas de religion particulière ce matin. Mon dieu est le dieu des marcheurs. Si vous marchez assez longtemps vous n’avez probablement besoin d’aucun autre dieu. » Jack Kerouac Écrivain phare de la beat generation, Jack Kerouac s’enfuit de New York en 1947 avec son ami Neal Cassady. Direction Los Angeles. Le résultat : On the road, une épopée sur les routes des Etats-Unis (dont la fameuse route 66), nous plongeant au plein cœur d’une jeunesse en mal de vivre dans une société encore puritaine. Un hymne à la vie et à l’itinérance. Un voyage initiatique où s’entremêlent drogues, sexe et jazz dans un tourbillon qui vous fera tourner la tête. « Car les seuls gens qui m’intéressent sont les fous furieux. Ceux qui ont la fureur de vivre, la fureur de dire, ceux qui veulent tout à la fois, ceux qui ne baillent jamais et ne profèrent jamais de banalités. Ceux qui brûlent brûlent brûlent… comme des chandelles dans la nuit. » Arthur Rimbaud On présente souvent Rimbaud comme un poète rebelle. Mais c’est oublier que c’est avant tout un aventurier dans l’âme. Ses pérégrinations le porteront jusqu’au Yémen et en Éthiopie. Une grande partie de son œuvre est inspirée de son insatiable appétit de nouveaux horizons. « Le monde est très grand et plein de contrées magnifiques que l’existence de mille hommes ne suffirait pas à visiter. » (Chroniques Nomades) Nicolas Bouvier A 24 ans, son diplôme en poche, ce Suisse bien né laisse le confort de sa Suisse natale pour aller se marier avec le bitume. Avec son acolyte et peintre Thierry Vernet, il embarque à bord d’une Fiat Topolino, direction l’Afghanistan. De ce périple, il sortira l’usage du monde, ouvrage culte, véritable invitation à la flânerie et à l’émerveillement. Son écriture est une des plus fournies, des plus détaillées, des plus poétiques de tout les temps. « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » Mike Horn Aventurier avant d’être écrivain, Mike Horn n’en démérite pas moins. Ancien lieutenant dans les forces spéciales sud-africaines, ce fou furieux, amateur de sensations fortes, s’est lancé dans des expéditions hors normes partout dans le monde. Expéditions qu’il a ensuite narrées dans de captivants récits de voyages. Principaux faits d’armes : un tour du monde sur la ligne de l’Equateur (Latitude Zéro) et un sur le cercle polaire (Arktos). « On rêve trop souvent les yeux fermés. Mieux vaut rêver les yeux ouverts. » (extrait d’une interview dans le magazine sport) Sylvain Tesson Sylvain Tesson est l’écrivain contemporain de cette liste non exhaustive. Des fourmis dans les jambes, ce globe trotteur a sillonné le monde de long en large. De l’Himalaya aux steppes d’Asie centrale, des forêts de Sibérie au Pakistan. Un de ses ouvrages les plus intéressants est sans doute L’Axe du loup, dans lequel il reprend l’itinéraire des évadés du goulag en suivant le récit de Sławomir Rawicz : A marche forcée. « Une tête en voyage est une cantine d’exode remplie de vieux papiers. On la transporte partout, on y puise des souvenirs comme on fouillerait dans une caisse. La mémoire, au secours de la solitude. » Alexandra David-Neel Le dernier écrivain de cette liste est une femme. Et quelle femme ! Alexandra David-Nell fut une orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, journaliste, écrivaine et exploratrice franc-maçonne et bouddhiste. Outre son exceptionnelle longévité – elle mourut en 1969 à 101 ans – est surtout connue pour être la première occidentale à avoir gagné le « toit du monde » (l’Everest) en 1924. Son ouvrage le plus marquant est le Voyage d’une Parisienne à Lhassa, où elle relate son périple de dix mois la menant vers la capitale alors interdite du Tibet. « Et maintenant que dix mois d’expérience m’ont permis d’apprécier les joies comme les privations et les fatigues de cette vie pittoresque, je l’estime la plus délicieuse que l’on puisse rêver et tiens pour les plus heureux jours que j’aie jamais vécus, ceux où, mon misérable baluchon sur le dos, j’errais par monts et par vaux au merveilleux « Pays des Neiges ». » Alors, tenté de reprendre les notes de votre voyage à Tombouctou et d’écrire votre propre récit de voyage ? Si c’est le cas, n’hésitez pas, faites nous rêver ! Et rendez-vous sur www.librinova.com pour le publier… Pour aller plus loin : Les lieux les plus inspirants pour écrire Pourquoi et comment écrire un récit de voyage ? Interview de Matthieu Gloiret, auteur à succès de « Voyage au bout du jour » !