Souvent les auteurs indépendants s’inquiètent : et si mon livre était piraté ? Faisons un point sur le piratage de livres numériques, le risque qu’il représente pour les auteurs et les moyens de protéger son texte. Le piratage des livres numériques augmente, mais reste contrôlé Avec les confinements successifs, les ventes de livres numériques ont drastiquement augmenté de 13,5 % entre 2019 et 2020, d’après le Syndicat national de l’édition (SNE). Toutefois, c’est surtout le secteur du livre scolaire qui a connu un essor important de 47,4 % en ventes numériques, contre seulement 10,1 % dans le domaine de la littérature. En même temps que les ventes numériques, le piratage a lui aussi augmenté. D’après les données quantifiables, 430 000 liens de téléchargements illégaux ont été notifiés à Google et 85 % d’entre eux ont été fermés. Aussi, grâce au travail du SNE en collaboration avec la société anti-piratage LeakID, plus de 2,2 millions de liens pirates ont été supprimés de Google sur plus de 8 000 sites de phishing et 700 de téléchargement illégal. Cette augmentation du piratage reste donc sous contrôle. Piratage et droit d’auteur : comment réagir ? Tout d’abord, il faut savoir que les livres les plus piratés sont les bestsellers, les BD et les œuvres indisponibles en téléchargement légal. En outre, si les prix élevés sur les livres numériques pratiqués par certains éditeurs peuvent décourager les lecteurs d’acheter un livre au lieu de le pirater, ce n’est généralement pas le cas pour les auteurs indépendants, qui pratiquent des prix plus bas, plus proches des attentes des lecteurs. Disponibilité d’une œuvre et prix raisonnable sont donc les deux conditions premières pour limiter le piratage. Des solutions techniques pour limiter le piratage Les DRM (Digital Right Management) Adobe sont aujourd’hui largement décriées, car elles pénalisent le lecteur-acheteur, qui a souvent des difficultés à ouvrir le livre ou ne peut pas le déplacer sur un autre appareil, tandis que les pirates peuvent facilement les craquer. Les éditeurs utilisent couramment un système de « tatouage » à but dissuasif : certaines informations concernant le lecteur (son nom, son numéro de commande…) sont mentionnées dans le livre numérique. Ce dernier y réfléchira donc à deux fois avant de le mettre sur un site pirate. Enfin, il faut noter qu’Apple, Amazon et Kobo – les principaux vendeurs de livres numériques – apposent leurs propres DRM sur les livres achetés sur leur site. Que faire si l’on constate qu’un site reproduit son livre ? Lorsque l’on constate qu’une œuvre protégée par le droit d’auteur est disponible gratuitement sur Internet, il est impératif de signaler cette infraction à la Gendarmerie nationale. Celle-ci dispose d’un site Web dédié à ce genre de signalements : internet-signalement.gouv.fr. Il suffit de compléter le formulaire avec les informations demandées et une enquête est ouverte dès l’alerte lancée. Généralement, le déréférencement des liens illégaux s’opère rapidement sur Google et la Gendarmerie nationale met tout en œuvre pour supprimer le site Internet incriminé, lorsque la violation du droit d’auteur est effectivement avérée. Cependant, il arrive parfois que la suppression prenne du temps, notamment dans certains cas, où les liens illégaux sont hébergés à l’étranger. Cependant, n’ayez crainte : les services de police sont de plus en plus efficaces dans ces cas de figure. À lire aussi : Comment protéger son livre ? Comment protéger son livre contre le piratage numérique ? Concernant la protection au sens plus large de votre œuvre, le site du Gouvernement indique que « le droit d’auteur protège les œuvres de l’esprit sans que l’auteur n’ait à accomplir une quelconque formalité administrative de dépôt ou d’enregistrement préalable ». Votre livre est donc tacitement protégé, notamment contre le piratage numérique, par le droit d’auteur dès lors que vous l’avez écrit. Néanmoins, en cas de contentieux, un dépôt ou un enregistrement peut permettre de dater l’écriture du texte et ainsi servir de preuve. Vous pouvez donc dater la création de votre œuvre et vous enregistrer comme auteur : auprès d’un huissier ou notaire ; auprès d’un centre de l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) présent à Paris et en région, via l’utilisation d’une enveloppe Soleau – enveloppe double dont l’une des parties est renvoyée au déposant, après enregistrement et perforation – dans laquelle l’auteur introduit les éléments qu’il souhaite dater ; auprès de l’une des sociétés de perception et de répartition des droits, choisie en raison de son objet social. Enfin, une fois votre livre publié, par exemple sur www.librinova.com, vous disposerez également d’une date « preuve » de création de votre œuvre. Pour aller plus loin : → Quelle est la répartition du prix de vente d’un livre ? → Auto-édition numérique et auto-édition papier : que choisir ? → Quelle stratégie marketing pour son livre numérique ?