Beaucoup de mystères – parfois de fantasmes – entourent l’économie du livre. On se réfère trop souvent aux revenus importants des auteurs les plus célèbres. Mais la réalité est bien différente. Entre le prix du livre et les parts destinées à tous les acteurs impliqués dans la parution d’un ouvrage, découvrez, en détails, quelle est la répartition du prix de vente d’un livre, et ce que peut toucher un auteur. Comment est fixé le prix d’un livre publié en édition traditionnelle ? Avant de voir en détails quelle est la répartition du prix de vente d’un livre, il peut être intéressant de comprendre comment est fixé ce tarif. Derrière le prix d’un livre papier se cachent plusieurs grands postes de coûts. Il n’existe pas un modèle unique pour déterminer le prix d’un livre. Mais on peut se baser sur des estimations récurrentes qui permettent, tout de même, de comprendre le processus. Dans le détail des quatre grands postes de coûts, nous retrouvons : Les droits d’auteur : ils correspondent à environ 8 % du montant hors taxe (HT) du livre. Ils peuvent cependant descendre à 6 % dans certains domaines (jeunesse, pratique) et atteindre 12 %, selon le degré de notoriété de l’auteur. Les coûts de fabrication : ils représentent environ 10 à 15 % du prix HT du livre et comprennent tous les frais liés à l’achat du papier, l’impression, le façonnage du livre, etc. Les coûts de diffusion et de distribution : ils représentent entre 55 et 60 % du montant HT du livre. En moyenne, 30 à 40 % reviennent au libraire, et 15 à 20 % sont alloués à la diffusion-distribution. Cette dernière comprend la logistique (stocka et expédition des livres), mais aussi la partie commerciale (prospection auprès des libraires). Les frais généraux de l’éditeur : environ 20 % du prix HT du livre. Ces frais couvrent, entre autres, la correction et la relecture du texte, la promotion de l’ouvrage, les financements de salons, etc. Il s’agit de la part restante après déduction de tous les autres frais. À tous ces frais doit être ajoutée une TVA à un taux réduit de 5,5%. Il est à noter que ce taux est ramené est ramené à 2,1 % en Corse, en Guadeloupe, en Martinique et sur l’Île de la Réunion. Tous ces différents frais permettent de définir un seuil de rentabilité en-dessous duquel la vente ferait perdre de l’argent. Et vendre à perte, en plus de ne pas être intéressant, est interdit par la loi. Il convient alors de fixer un prix supérieur à ce seuil tout en restant suffisamment attractif pour le lecteur. Entrent alors en compte des seuils dits psychologiques. Plus concrètement, il est préférable de vendre un livre 9,99 € plutôt que 10 €. À lire aussi : Auto-édition: combien ça coûte ? Comment est réparti le coût d’un livre ? La répartition du prix de vente d’un livre varie selon de nombreux critères : la réputation de l’auteur ; la maison d’édition ; le genre du livre ; le format du livre ; les modalités de diffusion et de distribution. Toutes ces variantes impliquent donc qu’il n’existe pas de chiffres officiels, seulement des estimations. On peut prendre les estimations avancées par le ministère de la Culture comme référence. Celles-ci reposent sur les moyennes observées par le ministère, concernant un ouvrage de littérature contemporaine et vendu selon un procédé de diffusion classique. Sur ce postulat, la répartition du prix de vente d’un livre se divise de cette façon : TVA : 5,5 %. Auteur : 8 %. Diffusion-distribution : 18 %. Fabrication : 14 %. Édition : 19 %. Point de vente : 35,5 %. Dans le détail, pour un livre vendu 20 € en librairie, la répartition de la somme entre tous les postes est la suivante : TVA : 1,10 €. Auteur : 1,40 €. Diffusion : 1,40 €. Distribution : 2,20 €. Fabrication : 2,80 €. Édition : 4 €. Point de vente : 7, 10 €. Comme vous le constatez, la somme perçue par le point de vente est largement supérieure à celle touchée par l’auteur. Dans notre exemple, elle est 5 fois supérieure. Mais dans les faits, la rémunération de l’auteur en maison d‘édition fonctionne différemment. Il est courant que l’écrivain touche un premier chèque au préalable, un à-valoir. Cette somme correspond à une avance payée par l’éditeur sur les droits d’auteur que généreront les futures ventes du livre. Le montant de l’à-valoir est fixé dans le contrat entre l’auteur et l’éditeur, tout comme les pourcentages de droits d’auteur en fonction des ventes. Par exemple, 7 % sur les 5 000 premiers exemplaires vendus, 8 % jusqu’à 10 000 exemplaires et 10 % au-delà de ce nombre. Pour être plus concret, reprenons l’exemple du livre à 20 € détaillé ci-dessus. Admettons que son auteur a touché un à-valoir de 3 000 €. Avec son taux de 7 %, il touche 1,40 € HT par livre vendu. Mais comme il a déjà perçu 3 000 €, il commencera à toucher des droits d’auteurs supplémentaires lorsque les ventes de l’ouvrage auront rapporté plus de 3 000 € de droits d’auteur. Il est à noter qu’en cas de faibles ventes, l’auteur n’a pas à rembourser l’à-valoir perçu. À lire aussi : Salaire d’écrivain : combien gagne un auteur ? Pour aller plus loin Déclaration des droits d’auteur et fiscalité des écrivains : comment ça marche ? Pourquoi l’auto-édition d’un livre avec Librinova est-elle payante ? Quelles ventes en moyenne pour un premier roman ?