« Avoir une belle vie, réussir sa vie… » constituent le cœur d'une feuille de route que nous recevons lors de notre venue au monde.
Ces expressions ont agi pour mon épouse et moi-même comme une boussole jusqu’à ce que son aiguille finisse par rester immobile pour elle. Et puisque ce parcours n’avait de sens qu’à deux, elle s’est aussi figée pour moi. Notre horizon s'est alors bouché et il nous a fallu admettre, faute d'alternatives, qu'il était temps de mettre un terme à ce qui n'était plus la vie.
Pour assumer cette décision cruelle et douloureuse en pleine conscience et en toute sérénité, il nous a fallu prendre le temps du déroulé de notre histoire.
Les personnes ayant « vu la mort de près » rapportent souvent qu'elles ont vu leur vie défiler en une fraction de seconde. Ce tempo est cohérent avec l'instantanéité du phénomène lorsque le hasard est le seul pilote des événements. En revanche si l'instant de l'ultime départ est librement et consciemment choisi on dispose d'un peu plus d'une fraction de seconde pour dérouler le fil qui tourne autour de la question qui s'impose alors « Qu'avons-nous fait de notre vie ? »
Aujourd'hui retraité de l’enseignement supérieur où il a exercé durant près de 40 ans comme enseignant-chercheur en statistiques appliquées auprès d’élèves ingénieurs, André Smolarz est originaire d’un petit village de l’Aisne, non loin de Soissons. Son père était ouvrier agricole à la ferme du village et sa mère y était employée de maison.
Engagé depuis longtemps dans l’éducation populaire et sur le terrain politique pour porter et promouvoir une bifurcation vers un modèle de société respectueux des individus et de leur environnement, il milite également pour un véritable droit à mourir dans la dignité et dans le cadre du libre choix de chacune et chacun.