Un couple avec trois enfants, Nathan dix ans, Chloé, six ans et Valentine quatre ans. Leur quotidien pourrait paraître ordinaire, hormis cette particularité : les enfants sont atteints d’allergie aux protéines de lait, surtout l’aîné qui peut en décéder à chaque instant et pour une dose à peine détectable. Cette "Épée de Damoclès" a contraint la famille à repenser peu à peu le quotidien.
En partant de petites restrictions, temporaires, tout le monde finit par adopter une authentique organisation millimétrée et très rigide, une éviction absolue de tout produit pouvant contenir du lait et une surveillance de l’état de santé permanente des enfants au gré des contacts et des réactions imprévisibles.
C'est la famille au sens large, les amis, le travail, le logement, les vacances, les finances, l’éducation, le sport, l’école qui sont touchés par ce qui se définira comme un véritable handicap.
Se succèdent ainsi les dix premières années écoulées depuis la naissance de Nathan, avec des semaines habituelles auxquelles se sont ajoutés les rendez-vous médicaux, tous les repas, du petit-déjeuner au dîner en passant par les goûters, les « miracles », les inquiétudes, les moments de découragement, les défis, les joies et les quiproquos : la difficulté à se faire comprendre étant l’une des composantes les plus complexes à gérer.
Trentenaire, en charge d’un portefeuille de gestion locative après des études de droit jusqu’à ce que la santé de l’aîné impose de réduire puis cesser totalement mon activité, j’ai souhaité dans un premier temps garder une trace de ce que nous avons vécu, pour la famille. Par la suite et au gré des échanges avec les médecins ou d’autres personnes en fonction des situations auxquelles nous avons dû faire face, j’ai pensé rendre plus utile le récit en le partageant pour peut-être aider certaines personnes qui pourraient connaître la même situation.