À vingt ans, quand on est loin de chez soi, de ses amis, de ses amours, confronté à une guerre dont on ne sait pas si l'on va sortir vivant, le refuge de l'écriture peut être un bon moyen d'épancher ses craintes et ses regrets, mais aussi ses rêves. Ce recueil de poésie a été écrit en deux temps, une première partie autour des années quarante/quarante-cinq dans un style fort peu académique, proche de celui que Sacha Guitry aimait appeler « ses vers de bohême ».
La deuxième partie, rédigée dans les années soixante-sept/soixante-huit, en Algérie, alors que l'auteur était assigné à résidence pour une ubuesque histoire de détournement, ourdie par les protagonistes d'une querelle politico-économique entre prétendants à un poste de direction d'une entreprise d'État. Son style a mûri, son engagement politique y est plus affirmé tout comme sa lucidité sur le temps qui passe et l'usure des sentiments. Sa lettre posthume à Victor Hugo résume bien son amertume sur la vanité du monde qui l'entoure.
Né en 1921, dans un petit village d'Occitanie, il s'est engagé volontaire en mars 1941. Après avoir participé à la campagne de Tunisie, Georges Cavaillès fera le débarquement de Provence et remontera avec la 1ère Armée sur l'Alsace. Il fera partie des troupes envoyées en Allemagne occupée en 1945, et ce jusqu'en 1947. En, 1965, après avoir été démobilisé en Algérie, il rédigera ses mémoires en commençant par le roman Patate Express qui devait être le premier d'une longue série, parmi lesquels ce recueil de poésies. Malheureusement décédé trop tôt, il n'aura jamais pu mener à bien tous ses projets.
Après avoir publié Patate Express pour son 100ème anniversaire, ses enfants publient aujourd'hui son recueil de poésies sous le titre "Vers bohémiens".