Les années passant et le procès de Céline n'en finissant pas de s'instruire - les réactions suscitées par la publication des "inédits" en offrent un récent témoignage - , ce livre voudrait faire pièce à deux griefs que ses détracteurs font à l'écrivain. Le premier suggère que lui reconnaître du "génie" est impossible du fait de son passé de collaborateur : les ignominies du "salaud" interdisent qu'il soit reçu au "Panthéon des Lettres". Le second poursuit le même but en n'accordant de valeur qu'au seul Voyage au bout de la nuit : on n'annule pas Céline, on le rapetisse.
L'ouvrage entend répondre à ces griefs par la lecture détaillée d'un texte majeur postérieur aux pamphlets antisémites - Féerie pour une autre fois II -, lecture à partir de laquelle le lecteur est mis en situation de pouvoir juger sur pièces. Il s'agit plus généralement de rappeler, en ces temps de "wokisme" et de "cancel culture", que l'oeuvre d'art ne saurait obéir aux injonctions de la morale commune : le Diable est grand artiste quand il lui plaît et comme il lui plaît.
Ancien élève de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, agrégé de Lettres Modernes, Patrice Balson est l'auteur d’une thèse de Littérature française réalisée sous la direction de Roland Barthes et consacrée à Louis-Ferdinand Céline.