La diphtérie, le tétanos, la fièvre typhoïde et la tuberculose qui, au XIXe siècle, moissonnaient la moitié des populations de nos régions, y ont pratiquement disparu. On espère vaincre la rougeole malgré son récent retour offensif et, un peu plus difficilement, la fièvre jaune. On est armé pour venir à bout de la variole dite « du singe », malgré son intempestif retour. À qui le doit-on ? Aux progrès de l'hygiène, certes, mais aussi aux vaccinations. Or, le mouvement des « antivax » semble de nos jours plus virulent qu'il ne l'a jamais été. Cette résistance n'est pas nouvelle. Elle remonte à la découverte de la vaccination jennérienne, en 1798, et même à 1721, date à laquelle se forge, à la faveur de l'introduction de l'inoculation variolique en Europe, les grandes lignes du débat qui, dans une atmosphère de complot, opposera bientôt vaccinateurs et « antivax ». Mais les thèmes de ce débat ne sont pas seulement scientifiques. Ils sont aussi humains et culturels.
Les raisons profondes de l'hostilité à la vaccination contre la covid s'inscrivent donc dans la continuité historique. Rien ne le démontre mieux que les pages qui suivent à l'heure où la variole du singe, qui est au cœur des préoccupations de l'auteur, signe un retour inquiétant.
L'auteur : Directeur de recherche honoraire au CNRS et docteur d’Etat, Pierre Darmon est spécialiste d’histoire de la de l’Algérie, de l’Occupation et de la médecine (prix de l'Académie de médecine pour ses travaux sur la variole, 1986).. Il vient de publier Les Editeurs, Chronique du monde de l’édition (1970-2023), dont l’authenticité et l’âpre franchise ont suscité des mesures d'ostracisme.
En couverture : François Boucher, Orphée charmant les animaux
Photomontage Pierre Darmon.
Sous l’Occupation, arnaques et névroses s’épanouissent à ciel ouvert dans le monde des arts et des lettres. À la faveur du vide idéologique, des places laissées vacantes pa ... Lire la suite