— Pour me consoler, je dirais qu’il est mort de sa belle mort, déclara Marcel en embrassant Jack sur la bouche à la manière maffieuse, tel qu’il avait pu l’observer dans les films de Coppola. Mais pourquoi on l’a déguisé comme ça ? Le pauvre, on dirait qu’on l’a trempé dans du blanc d’œuf.
— Le blanc est la couleur du deuil dans certaines civilisations, expliqua Arthur qui avait vu une émission de Thalassa sur le sujet, un truc qui se passait, il ne savait plus où, mais loin.
— Oui, mais lui, il l’était pas, civilisé.
— Il l’était devenu.
— C’est comme sa julotte, elle aussi elle est toute en blanc d’œuf.
Il désignait la veuve de Jack, occupée à recevoir les condoléances d’un vieil homme en babouches et pyjama, chauve, myope et barbichu, visiblement éprouvé par le chagrin.
— Pas sa julotte, ce n’est pas respectueux, Marcel. Dis plutôt, sa veuve.
— Si tu veux, mais la vache, le morceau qu’il se payait…
— Chì bellu culu ch’ella hà…
— Voilà que tu baragouines en corse. Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire qu’il devait avoir un gros budget de Viagra.
Illustrateur, créateur d'affiches de cinéma, de BD, écrivain, auteur d'une trentaine de livres, scénariste, créateur notamment de la série Navarro avec Roger Hanin, Tito Topin est un auteur prolifique. "Arrivederci, trésor !" a d'abord été un scénario mais le film ne s'est pas réalisé. Ne voulant pas se séparer de ses personnages pour qui il a développé un sentiment de grande tendresse durant l'écriture, il leur dédie ce roman.