Ce roman à double entrée est un kelsch en rouge et blanc ou en bleu et jaune selon que l’on se place du côté de Darrell ou du côté du narrateur. La trame, c’est l’histoire de Darrell, enfant de paysans du Kochersberg, bercé, au creux des années soixante, par cet effet de balancier qui a rythmé l’histoire de l’Alsace un siècle durant. Et la chaîne, c’est l’histoire que déroule le narrateur tout au long du récit. L’on y fait connaissance avec Svetlana et Mariya, mère et fille ukrainiennes chassées de leur pays par le déclenchement d’une guerre d’un autre âge qui, depuis plus de trois ans, continue à alimenter les actualités quotidiennes. La trame et la chaîne finiront par se rencontrer quelque part en Alsace, dans un dénouement surprenant et inattendu. Une apothéose qui en dit plus que toutes les leçons d’histoire et d’humanité sur la complexité d’une région victime de son attrait et attisant bien des convoitises.
Gérard Lossel est né et a grandi en Alsace, avec ce qu’elle a de particularités, d’histoire parfois complexe et de traditions. Il y a débuté une carrière d’instituteur avant de faire le grand écart entre l’Est et l’Ouest, il y a près de quarante ans, passant des bords du Rhin aux bords de la Loire où, à partir des années quatre-vingt-dix, il a assuré la chronique des quartiers est de Nantes, en tant que correspondant pour la presse locale. Aujourd’hui encore, il continue à rédiger des articles de presse, tout en s’adonnant à une écriture plus personnelle et intime que l’on retrouve dans ce roman.