48 heures maximum

C’est au cours d’un dîner improvisé à la dernière minute en sortant de ma séance d’hypnothérapie que je suis retombé sur Apolline.

Tandis qu’elle parcourait le menu que le serveur venait de déposer sur le bord de la table, j’ai pris le temps de l’observer afin de me remettre en mémoire le fil de notre histoire. Notre relation avait été un véritable fiasco pour la simple et bonne raison que tenir plus de quarante-huit heures aux côtés d’Apolline Bourdin s’avérait aléatoire voire nuisible. Il fallait y être préparé un minimum, ou, à défaut, être affublé de quelques désordres psychiatriques ou encore accroc au LSD et à l’absinthe.

Aliéné par sa vivacité d’esprit, sa prestance et son sex appeal vingt ans plus tôt, je n’en ai rien retrouvé ou du moins pas grand-chose. Le monde avait changé et moi aussi alors que de son côté, elle était restée fidèle à ses croyances archaïques, moulée dans ses inaltérables certitudes. Par contre, le magnétisme et le pouvoir d’attraction qu’elle avait toujours exercé sur ma personne étaient éteints et mon inspiratrice ne m’était jamais apparue aussi rigide et convenue que ce soir-là.